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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
11 avril 2008

Atterrissage

Il semblerait, mais c'est peut être encore un peu tôt pour le dire, que je sois un peu réconciliée avec l'écriture... Cette démangeaison familière ne s'était pas manifestée avec autant de vigueur depuis bien longtemps... Manque de bol j'ai oublié chez Arthur toutes les ébauches de récit de la fin de mon voyage, mais comme c'est un amoureux adorable, je devrais les récupérer sous peu...

Alors, vous allez me dire, quoi de neuf...

Eh bien... C'est un peu le bordel pour être très originale sourire... Trêve de plaisanterie, il semble que mon bordel tende vers une organisation relative... Pour récapituler un poil, comme vous le savez plus ou moins tous, je suis revenue sur mon sol natal pour trois semaines, et au moment où j'écris ces lignes je suis dans l'avion qui me ramène dans ma bonne vieille ville de Cocha, chez moi.

J'en suis moi même toute ébaubie (pour vous paraphraser Franck, j'en profite d'ailleurs pour me ratatiner en excuses de ne pas prendre de vos nouvelles plus souvent...) d'employer une telle expression, mais pourtant, voilà.

Chaque départ de France m'a permis d'avancer un grand pas dans cette vaste entreprise d'un an, dans ce défi un peu gros et un peu ouf qui a pour nom Bolivie et qui commence doucement à s'achever...

Laissez moi revenir sur chacun de ces départs de France qui ont ponctués mon année comme autant de repères temporels et psychologiques, comme des preuves, que j'ai, oui, un peu, grandi...

Il y a d'abord eu ce jour du 21 Aout, où j'ai laissé ma famille et Arthur, persuadée ou presque de ne remettre les pieds en France qu'une année plus tard. C'était un matin d'été, un matin de cuite, où j’étais un peu perdue, un peu triste, un peu excitée, un peu bordélique… Mon histoire avec Arthur commençait à peine, dans des circonstances plus que compliquées, nous ne savions même pas ce qu’on ferait au juste, j’arrivais dans un pays à peine connu, complètement seule, avec du bordel plein la tête et des motivations pour le moins floues… Je me rappelle les avoir quittés vite, sans trop me retourner, sans trop pleurer non plus même si ma sœur était dans un tel état que j’ai pas pu m’en empêcher… En Espagne, après une nuit, j’ai pris enfin l’avion qui allait m’emmener sur ce continent dont je rêvais depuis si longtemps… L’Amérique du Sud… Sur les tapis roulants de cet aéroport inconnu, je me souviens avoir regardé le soleil qui se couchait en ayant un sentiment de plénitude, je partais !  C’était l’aventure, l’inconnu, la découverte de ce pays mais surtout, oh oui surtout, de moi-même… C’était un énorme défi, je le savais, de nombreux proches ont douté de ma capacité à aller au bout de ce projet, ils me sentaient trop fragile, trop instable…

Et puis est arrivé le 14 Novembre, après ces 6 jours de folie, ces 6 jours d’amoureuse transie qui ont suscité tant de débats, tant de dilemmes, d’organisation et de réflexion… Ce départ a été (maintenant que je viens de vivre le dernier je peux le dire), le pire de tous, très bizarrement d’ailleurs puisque notre séparation ne durait qu’un mois… Je crois que ce que j’ai ressenti à ce moment là fait partie des choses les plus douloureuses de ma vie… J’étais comme déchirée à l’intérieur, broyée de larmes jusqu’au fond de moi… Je laissais Arthur après 3 premiers mois chaotiques en Bolivie, je n’avais pu le retrouver que quelques maigres heures volées au temps, sans pouvoir le découvrir autrement qu’en vitesse. Ce voyage était la cerise sur un gâteau dont il n’existait juste que les ingrédients, d’où cet arrachement…  Je suis rentrée comme avec un boulet au pied, essayant vainement de trouver un sens à tout ça… « Pourquoi j’ai fait ça, partir… » m’a hantée un moment…

Et puis voilà, 8 avril, presqu’hier…  Je me suis bien effondrée, comme toujours, mais juste parce qu’Arthur a bien voulu avoir le tact de cesser ses taquineries les cinq dernières minutes pour que je puisse vider mon chagrin de le laisser encore une fois… Pas de déchirure, ni de drame cette fois… Juste un bien être de rentrer chez soi, avec un pincement au cœur de devoir attendre encore trois mois pour revoir mon amoureux… La France m’a agressée, et même si c’est bon de revoir les gens que j’aime, ma place n’est pas là bas. Aujourd’hui elle est ici, chez moi, en Bolivie. Je suis apaisée d’être rentrée. Paris est une ville angoissante, l’incompréhension des gens qu’on aime face à ce qu’on vit est une morsure que peu de gens connaissent…

C’est difficile de rentrer chez soi et de se rendre compte qu’on n’a plus de chez soi. Difficile de voir que les choses changent et que le monde tourne sans vous. Difficile pour les gens de comprendre que moi aussi j’ai changé, et qu’ils ne l’ont pas encore vu. Une seule rencontre sur un an si riche et si différent de ce que vous vivez tous, c’est bien trop peu pour expliquer, saisir la nuance, et trouver la bonne longueur d’onde.

Je crois que cette année a tenu ses promesses, malgré tout ce qu’on a pu me prédire avant ou pendant ce voyage… J’ai réglé mon problème avec la misère, j’ai coupé le cordon ombilical avec ma maman pour mieux la retrouver maintenant, elle qui sait mieux que personne ce que « revenir » signifie. J’ai fait de la Bolivie ma maison, même si cela m'a pris du temps, et la difficulté que j’ai eu à m’adapter à la France ainsi que le bonheur de retrouver mon chez moi en sont les meilleures preuves… Ma relation avec Arthur murit en même temps que moi, et bien que les départs soient toujours des moments pénibles, et le manque indubitablement présent, la torture des heures qui s’écoulent plus lentement qu’un siècle est bien loin, les certitudes se renforcent et les projets gagnent en concret… Et bien qu’il n’ait jamais vécu ce que je suis en train de vivre, il est là, toujours là, même si mes crises et mes réactions ont du le déconcerter, il me tient la main quoiqu’il arrive, même si j’abuse sans le vouloir, juste parce que parfois la complexité de ce que je ressens me fait perdre le Nord… J’ai trouvé un trésor les amis… Enfin je le savais, mais ça ne m’empêche pas de continuer d'être épatée de la trouvaille…

Alors bien sûr, rien n’est jamais parfait et pour la première fois depuis longtemps j’ai cumulé les crises d’angoisse et les prises de tête pendant ces trois semaines… Mais chacun gère ses émotions à sa façon, et à la limite je préfère être prostrée contre Arthur pendant un quart d’heure que de me bourrer la gueule ou de tout renfermer pour que ça explose mieux plus tard. 

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Commentaires
F
Dératatinez-vous, tout va très bien de mon côté. Et la lecture de votre message m'a rendu tout ébaudi (pas ébaubi, cette fois, mais ébaudi... j'aime à varier mon vocabulaire).<br /> Bises, mademoiselle.
Qui veut gravir la montagne commence par le bas
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