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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
15 janvier 2011

La jeune fille rangée

Figurez vous que devant le peu de motivation que m’apporte mon projet (je sais j’avais dit que je vous en parlerai, franchement, je n’ai pas eu le courage de me lancer dans la description de cette organisation paternaliste et familiale, des petits garnements qui vous font péter un plomb et d’une minute à l’autre vous enchantent, de la fibre éducative que décidément je n’ai pas.) Mais voilà, je vous ai touché un mot de mes envies futures, être interprète, ça prend forme dans ma tête, et plus j’y pense et plus ça me va comme un gant. Alors j’investis mon énergie débordante dans le roumain, le français, l’espagnol, la grammaire, la conjugaison, l’histoire et la littérature. Et comme ce type d’investissement n’arrive jamais seul, je me trouve à combler mes grosses lacunes en littérature française. En ce moment je suis dans Simone de Beauvoir, comme vous l’aurez deviné (ou pas, oui je me moque). Bon, je lis son Goncourt, Les mandarins (quand je pense que Houellebecq a eu le Goncourt cette année je suis révoltée).

Et comme toujours avec Simone, elle me révolutionne. Histoire donc, d’un groupe d’amis intellectuels de gauche à la sortie de la guerre en 44. Leurs contradictions, leurs convictions, leurs doutes, leurs sentiments. Le tout tellement imbriqué avec l’Histoire vu que ya pas le choix. Henri, un des protagonistes, vient de découvrir que l’URSS est susceptible d’avoir ses propres camps de l’horreur. Je vous cite la dernière page : « Il se rendait compte que jamais il ne l’avait sérieusement mise en question ; les tares, les abus de l’URSS, il les connaissait : n’empêche qu’un jour le socialisme, le vrai, celui où se réconcilieraient justice et liberté finirait par triompher en URSS, et par l’URSS ; si ce soir cette certitude le quittait, alors tout avenir sombrerait dans les ténèbres : nulle part ailleurs on n’apercevait même un mirage d’espoir. « Est-ce pour ça que je me réfugie dans le doute ? se demanda-t-il ; est-ce que je refuse l’évidence par lâcheté, parce que l’air ne serait plus respirable s’il n’y avait plus un coin de la terre vers lequel on pût se tourner avec un peu de confiance ? Ou au contraire, pensa-t-il, c’est peut être en accueillant avec complaisance les images d’horreur que je triche. Faute de pouvoir me rallier au communisme, ça serait un soulagement de le détester résolument. Si seulement on pouvait être tout à fait pour, ou tout à fait contre ! Mais pour être contre il faudrait avoir d’autres chances à offrir aux hommes : et c’est trop évident que la révolution se fera par l’URSS ou ne se fera pas. Pourtant si l’URSS ne fait que substituer un système d’oppression à un autre, si elle a rétabli l’esclavage, comment lui garder la moindre amitié ?... » « Peut être que le mal est partout » se dit Henri.»

Voilà. Le vide dont je parle en pointillé, c’est à peu près ce que ressent ce personnage. Peut être que le mal est partout, et comment faire si on ne peut se tourner vers nulle part en se disant que c’est le chemin à prendre pour nous autres humains. Peut être que chacun doit d’abord se tourner vers soi même, j’en suis de plus en plus convaincue, mais comment ne pas oublier qu’on reste dans le même bateau… JB, je serai ravie que tu te fendes d’un petit commentaire de ton cru, je t’avoue qu’ils me plaisent énormément. Bises à tous.

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Commentaires
J
En fait 3
J
Bon et 2 petits liens, juste pour le plaisir<br /> http://www.youtube.com/watch?v=_ncW8SxIIGY<br /> http://www.youtube.com/watch?v=Hi9o_LjcZ3A&feature=player_embedded<br /> http://www.youtube.com/watch?v=mHa8GRUKNZI
J
Ah mon dieu, la question de l'existence humaine, et de sa place dans le monde.<br /> Pourquoi je suis là? à quoi ca sert? Et si j'étais pas là? Ben, rien ne serait changé non?<br /> Ton instinct te dicte de faire quelque chose de houf, pour enfin donner un sens au fait que tu sois là, ici et maintenant. Mais bon "vous êtes bien gentils mais c'est pas si simple", comme dirait le géniteur. C'est vrai que là j'ai pas d'idée pour le truc de houf... En plus y'avais pas de notice dans le boîte de la vie. Bon alors les gars, qu'est-ce qu'on fait? On change le monde ou on se touche? Bah pour changer, on a qu'a changer le monde (ou du moins essayer). Et c'est là que ca deviens marrant, parmi les gens qui se décide à faire autre chose que se toucher (y'en a pas tans que ca, mais y'en a quand même) on a une belle liste de comportements dont suit une liste non exhaustive :<br /> -Y'a le mec qui gère le steak. Il est pas fréquent mais il surclasse tout le monde. Un philosophe des lumières, un Robert Badinter, un Mahatma Gandhi, un Nelson Mandela, un Peuple Tunisien (j'allais dire un François Louvet mais c'est pas très objectif). Le gras c'est l'Atlas de l'humanité, il arrive et il dit "bon les gars, vous commencez à me faire chier là. Je vais vous montrer, moi, comment faut faire." Le mec qu'a fermé le caquet de plein de grandes gueules, trop puissant. Limite un prophète le gars, c'est lui qui donne des débuts de piste pour trouver ta voie. Je dis : respect.<br /> -Y'a le mec qu'a envie de gérer le steak, mais qui sait pas trop comment faire. Il a envie de retourner des montagnes, arrêter la misère, la faim et la violence, il veut creuser la fosse pour enterrer toutes les armes du monde, faire la guerre à la guerre, planter des arbres en Amazonie, expliquer à Paul Biya que c'est pas comme ca qu'on gère un pays, et il veut plus que tout battre Sarkozy au monopoly. Il sait que le monde doit changer, et vite bordel de merde, plein le cul de ces conneries. Il est optimiste et même utopiste, "il est bien mignon mais c'est pas si simple". Jl'aime bien, lui.<br /> -Y'a le mec qui pourrait gérer le steak, s'il en avait envie. Il est babacoule, rebel, anticapitaliste, socialiste, communiste, altermondialiste, poète, musicien (enfin c'est ce qu'il dit), beaugosse, écologiste, il fait du sport, bois de l'eau et respecte la nature. Du haut de sa majorité il est déjà philosophe, historien, sociologue et va pas tarder à se lancer dans la politique. Il te fait des analyses très fines sur ce que devraient faire les hommes politiques et sur ce que devrait être la société. Bien sûr il sait tout sur tout et te prends pour une sous merde quand t'essaie de lui faire comprendre "qu'il est bien mignon mais que c'est pas si simple" Jl'aime pas, lui.<br /> -Et puis y'a ceux qui savent pas. Ils ont envie de gérer le steak, à mort. Mais eux ne sont pas optimistes ni utopistes, eux comprennent que c'est pas si simple. Et c'est ca qui les bloque. Le monde est un tel merdier qu'ils savent pas par où commencer, ils sont comme paralysés par l'ampleur de la tâche à accomplir. Toi et moi sommes de ceux-là.<br /> -Y'en a encore plein d'autres, hein!<br /> <br /> Bon mais alors qu'est-ce qu'on peut faire? Déjà il faut faire comprendre aux boulets que j'aime pas que quand ils nous disent "de toute manière le monde occidentalisé c'est de la merde, le capitalisme est en train de détruire l'homme. Le seul modèle où personne n'est lésé c'est le communisme, en témoigne la réussite et la prospérité de l'URSS avant que les impérialistes d'américains ne viennent la détruire." Alors lui c'est un bon couillon, c'est vrai que l'URSS est un exemple : tout le monde se rappelle avec joie des goulags, purges et autres pratiques courantes à l'époque dans la nation du "communisme". Ouvre les yeux bâtard, si le communisme est tombé c'est qu'il y avait une bonne raison. Dans l'idée c'est bien, c'est même très bien. Sur le papier c'est beau, sur le papier. L'homme ne se pliera jamais au communisme, il demande trop de discipline, de rigueur, de privation et surtout de partage pour que tout le monde l'accepte. Je dis pas que le capitalisme est mieux, mais il correspond mieux à ce qu'es l'homme, égoïste.<br /> Et il est là le problème, c'est pas le système qui merde, ce sont les éléments qui le composent. C'est l'homme qui doit changer, lui seul est la base, s'il ne change pas quel que soit le système dans le quel il sera, le système ne fonctionnera pas normalement.<br /> Elle est là pour moi, la voie à suivre, commencer pas se changer et changer les autres, avant de changer le monde.
J
Promis, après mes partiels, je t'en fais un rien que pour toi!
Qui veut gravir la montagne commence par le bas
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