Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Qui veut gravir la montagne commence par le bas
10 décembre 2005

Anges et démons

Elle court, elle court… le froid rentre dans ses poumons, l’envahit jusqu’à la moelle. Sa respiration s’accélère. Elle veut s’épuiser, elle ne veut plus penser, ne plus savoir. Elle court. Le vent lui fouette le visage. Voilà qu’elle trébuche, elle tombe, s’écroule. Le choc est dur son nez coule, ses yeux pleurent, elle est au sol et tout se brouille. La douleur lui déchire les entrailles, elle ne peut trouver en elle la force de se relever. Il est 3 heures du matin, dans la rue, rien ne bouge. Les feuilles mortes portées par le vent glacial atterrissent près d’elle. Elle est à terre, elle ne bouge plus. Voilà trois heures qu’elle court. Maintenant elle est morte. Psychologiquement morte.

Quand elle se réveille, son pied lui fait mal. Elle ouvre les yeux, elle a chaud, elle est dans son lit. Elle pleure. Elle est seule. Elle tente de respirer et s’aperçoit qu’elle ne peut pas. Elle touche son nez. Il est couvert de sang. Elle se lève péniblement pour nettoyer son visage. Le lit est maculé de rouge. Un frisson d’angoisse la surprend. Elle a froid, ses mains sont moites et ses yeux gonflés. Dans la glace de la salle de bain, une étrangère abhorre une grimace. Ses joues sont déjà creuses, sa peau déjà terne. Elle cherche dans ses yeux une force qui se cache. Sa figure est couverte de sang. Un bain brûlant coule. Le bruit de l’eau adoucit son cerveau bourdonnant. Elle mouille les plaques rouges séchées avec un mouchoir. Peu à peu le sang disparaît. Il laisse place à des cernes creusées par l’épuisement. Son visage est mince. Il est maigre. Son corps s’est lentement affiné depuis quelques semaines. Elle ne mange plus. Sa peau contient de moins en moins de cellules, son ventre ne réclame plus son du quotidien. Elle se décharne. Elle se détruit. Elle veut qu’ils voient qu’elle souffre. L’eau brûlante la sort de sa torpeur. Ses membres s’engourdissent, son esprit se réveille. Ses yeux coulent. Subitement, une pensée la submerge, une évidence surgit. Elle va se battre. Elle va se battre jusqu’au bout, elle donnera tout, elle surmontera l’épreuve comme on gravit une montagne. Surtout ne rien perdre. Tout prendre et ne rien perdre. L’eau ruisselle, la serviette chaude et moelleuse l’enveloppe. Le miroir l’observe, la scrute. Elle lui revoie sa curiosité par un regard de défi. Ses yeux sont là. De nouveau. C’est bien elle cette lueur rebelle qui mélange la force à la détermination. Une promesse effleure ses lèvres. Les yeux dans ceux du miroir, elle jure. « Aucune faiblesse. Aucune tristesse. Plus jamais. »

Publicité
Commentaires
Qui veut gravir la montagne commence par le bas
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité