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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
20 novembre 2007

Christopher

Je suis ravie. J'ai enfin eu droit à un coup de foudre amical comme je les aime. Bien sûr il s'agit d'un garçon. C'est fou, mais les filles, je m'y fais pas décidément. Je crois même que les latinas c'est pire que les autres. Ici les garçons sont de vrais hommes et les filles de vraies poupées, dans ma fac du moins. Ongles faits, brush tous les matins, talons et maquillage, rien ne manque à la panoplie de la barbie parfaite. Mais du coup les sujets de discussion vont avec, et si forcément mon histoire avec Arthur peut meubler une discussion de tout un après midi, c'est vite fatigant, et pourtant Dieu sait que je ne me lasse jamais d'en parler en général. Tiens d'ailleurs, petite parenthèse, j'ai été invitée samedi soir à l'enterrement de vie de jeune fille de Virgine qui se marie vendredi. C'était délicieusement féminin. Ses copines, toutes d'adorables poupées, lui ont commandé un cocktail nommé "Orgasmo", je vous traduis pas, orné d'une banane et de deux cerises... Disons que c'est le genre de soirée où c'est marrant d'être avec des filles. Elles étaient toutes vraiment très jolies en plus, et je ne me lasse jamais de regarder les jolies filles... Enfin bref, donc voilà, les filles c'est marrant, mais à consommer avec modération.

Coup de foudre donc. Il est jeune, 18 ans, mais j'ai l'impression que ça se sent moins que pour nombreux de ceux que je connais de cet âge à la fac. Nous étions déjà en cours ensemble en Stat 1, et nous nous sommes retrouvés en Stat 2. Nous avions à peine discuté, il savait juste que j'étais française, que j'allais rentrer en France, et que j'étais pas franchement convaincue par la vie sociale qui m'était proposée à la fac. J'étais un peu intriguée par son côté concentré, toujours au premier rang, à faire la gueule quand les autres réclament au bout d'une demi heure de classe de pouvoir rentrer chez eux, toujours le dernier à rester quand les autres ont eu la permission souhaitée. Et puis hier, premier cours, nous nous sommes parlés comme on parle à quelqu'un dont on connait la tête, et en rentrant nous nous sommes assis ensemble. Puis on a du aller commander à la photocopieuse le nouveau bouquin de stat (tous les bouquins sont des photocopies ici), et on s'est donc retrouvés ce matin pour le récupérer. Il m'a vue avec mon lonly planet version Bolivie, je l'avais emprunté à Cathy et Flo pour le photocopier afin d'en avoir un exemplaire pour préparer mon voyage de Noël avec Arthur. Speedy (le mec de la photocopieuse surnommé ainsi pour la rapidité avec laquelle il photocopie lol) ayant refusé mon bouquin parcequ'il avait trop de taf, Chris m'a proposé de me le faire photocopier près de chez lui pour le lendemain. Et puis surpris, il a caressé la couverture... "Bolivia en français ça s'écrit avec un -e" m'a-t-il demandé éberlué. "Mais oui..." ai-je souris. Il a donc, grâce à la carte qu'il y avait au dos du bouquin, examiné les transformations linguistiques que notre langue impose à tous les pays d'Amérique du Sud, il était épaté. "Chile, vous mettez un-i à la fin, mais c'est fou ça, c'est comme si c'était du chili con carne !" Et puis après le cours, nous avons continué notre conversation autour d'un repas, et au bout d'une heure et demi, il m'a emmenée dans une salle de la fac que je ne connaissais pas, une salle exprès pour fumeurs, sponsorisée par Marlboro, avec chaine CD/MP3 de très bonne qualité, des tonnes de poufs rouges et blancs et du calme. Nous nous sommes avachis sur les coussins, j'ai branché mon Mp3, et nous avons discuté de musique pendant un long moment. Il joue de la guitare, s'est étonné de la variété de la musique qu'il y avait sur ma mémoire, surpris de trouver Gorillaz après Metallica et avant Cesaria Evora. Je lui ai parlé de piano, de rap, de texte, il a même insisté pour que je lui traduise un des miens... C'était énorme de traduire ainsi en direct à ce nouveau pote, des textes qui ont signifié tant d'amitié avec Tim, et sur lesquels j'ai tellement donné de moi... Il va me faire découvrir la musique bolivienne, va m'emmener dans un lieu magique m'a-t-il dit où on peut librement assister à des séances de ciné, des expos, des petits concerts... Il me parait différent de tous ceux qui voient d'abord dans une discussion le moyen de voir à quel point je suis volage, il parle de l'amour avec l'air détaché de ceux qui l'attendent sans impatience, et je n'arrive pas à trouver autre chose que de la malice dans ses yeux quand je lui explique comment s'écrit mon nom de famille et qu'il constate qu'en otant deux lettres on trouve LOVE. J'ai l'impression qu'il me regarde comme une personne et non pas comme une fille, et qu'on est chacun enchanté d'avoir trouvé quelqu'un à qui parler de choses dénuées d'ambiguité, et de qui on a beaucoup à apprendre. Il m'a tenu des propos sur la fac proprement saisissants pour une bornée comme moi qui mettais tous ces gosses de riches dans le même sac : " Tu sais pourquoi cette fac peut se vanter que 80% de ses étudiants trouvent un emploi à la sortie ? Simplement parcequ'ils sont tous employés par leurs parents pétés de tunes. Tu vois, cette fac pour moi, c'est pas un lieu de savoir, c'est une énorme entreprise qui tourne dans un cercle minuscule. Tu achètes tes matières comme tu fais ton marché, et comme tu payes un prix exorbitant tu as quasimment le prof pour toi tout seul, donc forcément tu apprends beaucoup mieux." Bref, il est touchant, sympa, semble innocent et comme moi il ne se sent pas franchement en harmonie avec nos petits camarades. Décidément, il est dit que je ne trouverai jamais des amis dans ce qui constitue la majorité : un rapeur en Hypokhâgne, des boliviens au milieu d'une fac lyonnaise bourgeoise, et maintenant ce petit Christopher à l'UPB...

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