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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
2 décembre 2007

Actualité

Bon... Je sais je suis un peu muette ces temps ci, mais pour une fois c'est ni parce que je vais mal (je vais très bien, mon amoureux arrive dans deux semaines :), ni parce que il n'y a rien à raconter, mais bel et bien parce que ce qui se passe ici n'est pas tout rose, tout rose... Je voulais pas trop vous alarmer, et en particulier alarmer ma famille, donc j'ai rien dit, mais bon, maintenant qu'ils sont au courant... Ceux qui lisent Le Monde auront pu dénicher dans les éditions de ces trois derniers jours des articles à propos des derniers évènements politiques boliviens. Je vous fais un résumé pour ceux qui sont un peu loin de la réalité géopolitique de l'Amérique du Sud et en particulier de celle de la Bolivie. Ce pays a donc élu démocratiquement il y a quelques années son premier président issu de la majorité indigène : Evo Morales. Bon le léger souci c'est que forcément la minorité blanche et riche n'apprécie que très moyennement. Le sieur Morales n’arrange rien en dénigrant allègrement cette tranche de la population dans son discours, et en calquant une bonne partie de sa politique sur le très médiatique président vénézuélien Chavez, qui, soit dit en passant, dit gentiment merde aux Etats-Unis régulièrement, et est en train doucement de se convertir en un chef d’Etat despotique et autoritaire. Depuis plusieurs années, les indicatifs qui permettent de projeter une guerre civile sont au plus haut. La population se divise en plusieurs groupes qui s’opposent violemment sur différents problèmes. Il y a déjà les campesinos qui vivent dans les campagnes et sont très pauvres, qui s’opposent directement aux gens de la ville, plus riches, et encore plus à la minorité très riche qui dirige toutes les entreprises et jusqu’à ce que Morales arrive, qui avait également en main le pouvoir et l’armée. D’un autre côté, il ya une opposition claire entre l’Est et l’Ouest du pays, ou pour être plus claire, entre les régions qui ont sur leurs terres les énormes richesses naturelles que possède la Bolivie, à savoir le gaz et le pétrole et celles qui ne les ont pas. Pourquoi ? Eh bien parce que les régions riches veulent garder les ressources pour leur pomme et donc veulent une large autonomie politique et économique, et que les autres veulent un Etat plus centralisé avec un partage de la richesse nationale entre toutes les régions. D’autre part, il y a les partisans d’Evo Morales et les opposants, et même si schématiquement on peut associer les campesinos à Evo et la classe riche à l’opposition, tout n’est pas aussi simple. Evo se passerait bien de certains soutiens, comme par exemple les Ponchos rojos (les poncho rouges), qui le soutiennent, mais qui sont plutôt contre tout le monde que pour lui. Je vous en reparlerai plus tard. Et enfin, et c’est notamment le cas à Cocha, l’armée et la police s’affrontent pour garder leur pouvoir.

Les avertissements des autorités françaises dont je me riais dans mon dernier post étaient malheureusement beaucoup plus justifiés que d’habitude. Je m’explique. Depuis qu’Evo est arrivé au pouvoir, il a mis en place une assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle constitution plus juste envers les indigènes que la précédente, et tintée de socialisme, ce qui déplait fortement à l’opposition. Le vote de cette constitution a été repoussé plusieurs fois, et maintenant, il est fixé au 14 décembre, date qui ne sera pas repoussée une nouvelle fois vraisemblablement. Avant de la voter, les constituyentes écrivent et votent en commission les articles de cette Constitution. Les deux principaux problèmes qui divisent le pays concernent comme je l’ai expliqué précédemment l’autonomie des régions, et ensuite, la localisation de la capitale du pays. En 1899 a eu lieu une guerre civile pour que la capitale d’alors, Sucre, perde son statut et que les pouvoirs soient transférés à La Paz, ce qui a été le cas, même si Sucre a gardé son titre honorifique de capitale, ainsi qu’un des trois pouvoirs, le pouvoir législatif.  La semaine dernière, les constituyentes étaient réunis à Sucre pour voter les articles concernant la capitale et la distribution des pouvoirs, que Sucre revendique toujours. Les manifestations devant le parlement ont dégénéré, et la ville a déploré 3 morts et 130 blessés. Les ponchos rojos ont égorgé trois chiens devant les caméras en menaçant les opposants d’Evo de leur réserver le même sort. Evo a déploré cette attitude, contrairement à ce qui est écrit dans l’article du Monde relatant cet évènement. Une course contre les autorités s’est engagée, l’insurrection a eu lieu, la police a pris la fuite et la prison a été ouverte libérant 150 prisonniers. Pendant plus d’une semaine (je ne suis pas sure que ça soit réglé, encore aujourd’hui d’ailleurs), Sucre vivait dans une anarchie totale, sans aucune présence de l’Etat. Mercredi, 6 régions sur les 9 que compte la Bolivie ont décidé de suivre un paro civico en soutien à Sucre, et donc contre Evo. Aujourd’hui, tout est de nouveau normal, la situation est plutôt calme, mais la situation politique reste extrêmement tendue. Nous savons que le sujet des autonomie qui doit être abordé bientôt est fortement susceptible de provoquer un tollé général dans les régions qui y tiennent, c'est-à-dire, également celle de Cocha. Pour beaucoup, la guerre civile est imminente.

Nous autres français essayons de nous informer tous les jours des évènements nationaux. C’est cependant très difficile d’y voir clair. Tous mes voisins affirment que la presse est totalement à la solde de la classe riche, qui ne demande qu’une chose : le départ d’Evo. Alarmer la population et affirmer tous les jours qu’Evo n’a pas un comportement démocratique est un très bon moyen de lui enlever le soutien populaire. Quant à moi, sincèrement, je ne sais pas quoi en penser. Effectivement, les journaux relatent tous les jours des atteintes grave à la démocratie et à la liberté de la presse de la part des partisans du MAS, le parti d’Evo. Les profs de ma fac quant à eux, soutiennent qu’il est bel et bien en train de se convertir en dictateur à l’image de Chavez. Il ya enfin une chose dont il faut tenir compte. A son arrivée au pouvoir, Evo a évincé tous les dirigeants de l’armée qui faisaient partie de la classe riche. Il a mis à la place de jeunes généraux qui le soutiennent. L’armée est donc pour l’instant du côté d’Evo. Mais les anciens généraux rongent leur frein et ont des relations loin d’être négligeables. Beaucoup parlent d’un coup d’Etat de leur part. Cela est loin d’être fantaisiste… La Bolivie est le pays qui a connu le plus de coups d’Etat…

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