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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
25 janvier 2008

Salar d'Uyuni

A 3650 mètres d’altitude, immense désert de sel, le plus grand du monde avec ses 11500 kilomètres carrés, l’équivalent de deux départements français. Sur 40 mètres d’épaisseur alternent couches de sel et de glaise. Horizon à l’infini, d’une platitude parfaite. Région, complètement marginale où, dans cet enfer blanc, quelques centaines d’hommes piochent, creusent à longueur d’année pour dégager des briquettes de sel non iodé. La tête couverte d’un passe montagne, des lunettes noires contre la réverbération intolérable du soleil, pieds et mains brulés, rongés par le sel. Une usine traitera ce sel et y incorporera l’iode. Les paysans des montagnes en revanche apprécient les pains de sel non traités qui se conservent plus facilement et ne prennent pas l’humidité. Ce qu’ils ignorent le plus souvent, c’est que l’absence d’iode favorise à la longue le crétinisme, maladie qui frappe certains villages reculés des montagnes.

Après une demi heure de palabres pour pouvoir être dans la même voiture que nos nouveaux potes brésiliens, nous avons commencé par la visite du cimetière de trains. En effet, Uyuni fut jadis un important nœud ferroviaire. J’adore les vieux trains, Arthur a fait des tofs très sympas que je vous mettrai en lignes dès que j’aurais deux minutes… Trop la classe.

Puis nous sommes partis découvrir le Salar à proprement parler, en observant les tas de sel entassé ainsi pour commencer le séchage avant de le transférer vers les usines. Puis nous nous sommes arrêtés dans un endroit où le sel prend des formes hexagonales, avant de visiter une petite maison où on nous a expliqué la façon de ioder le sel. Direction ensuite vers un ancien hôtel de sel qui sert aujourd’hui uniquement de musée, où on doit payer l’entrée par une consommation à un prix exorbitant. Arthur a fait les frais d’un coca sans bulle et moi d’une bière pas fraiche, nous nous sommes vite enfuis de ce lieu typique de l’attrape touriste tenu par un monsieur qui n’avait jamais du apprendre la politesse et dont la seule occupation de la journée était de contrôler la porte d’entrée afin de ne pas permettre aux « non payeurs » de rentrer, quitte à les foutre dehors…

Nous avons ensuite visité l’Ile Poisson, nommée ainsi à cause de sa forme… Le bout du monde, un peu relativisé par les dizaines de 4&4 qui se trouvaient au pied, m’enfin le bout du monde quand même. Un paysage de cactus vieux de plusieurs siècles, immenses, de 10 à 12 mètres, une ile de cailloux et d’épines qui se détache sur une immensité blanche… Bref, surréaliste.

Puis nous sommes arrivés dans un hôtel de sel construit en dehors du Salar, puisqu’ils n’ont plus le droit d’être exploités en dedans. Absolument magnifique… Super chou avec ses chaises et ses tables en sel, très beau, accueil sympa et bouffe plus que raisonnable, douche ultra chaude avec une pression d’enfer (ultra rare ici), bref séduits…

Le soir, je suis sortie fumer une cigarette et mon amoureux m’a donc suivi se geler dehors, nous avons du coup fait la connaissance d’un suisse, Alex, fumeur aussi, qui se gelait donc pour la même raison… Absolument épatant. Il n’a pas arrêté de parler pendant une bonne demi heure, nous contant aventures sur aventures, ses peurs de l’avion, son trajet La Paz Sucre dans un mini bus local avec les joies que ça comporte… un Gad Elmaleh suisse absolument typique et tordant, on arrivait plus à respirer tellement on riait…

Puis on finit la soirée avec nos amis brésiliens, dont Eduardo qui me raconte sa passion du théâtre, évoque Molière, Racine et Antonin Artaud à mon ébahissement le plus total devant une telle culture… Vanessa nous raconte Paris où elle a étudié un petit moment, nous décrit une rue  parisienne adorable qui ressemble à celle de Cusco, où il n’y a que des restaurants, et où les serveurs vous attrapent pour vous vendre le menu… Regard complice d’Arthur à cette évocation, il m’avait emmenée manger dans un petit restau italien dans cette rue, où nous avions passé finalement toute l’après midi, en mai, bien avant… tout ça J Si on avait su… Sourire…

Le lendemain, départ à 6h et demi du mat pour une journée de caisse, dans un paysage de fou furieux… Le désert à l’état pur, avec une nature dépouillée, le bout du monde en dimension réelle, la poussière qui s’infiltre partout, le froid cinglant du matin, le soleil qui tape dès qu’il se lève, les chemins empruntables uniquement en 4&4, et l’horizon de montagnes qui n’en finit pas…

Notre premier arrêt nous a permis de découvrir une lagune qui abrite les flamants roses les plus hauts du monde, puisqu’ils sont trois espèces à vivre à plus de 4000 mètres d’altitude dans ces lagunes de différentes couleurs. Nous avons mangé, puis nous sommes repartis en direction de la laguna Hedondida, où Arthur a continué à chasser les oiseaux avec son appareil, au risque de tomber dans la boue du bord de la lagune… Il y avait un vent dément. A vous péter les oreilles, et vous changer en glaçon en moins de deux… Après avoir observé quelques vicunas qui sont une des trois espèces de lama, en l’occurrence sauvage, nous nous sommes arrêtés près du célèbre arbre de pierre, impossible à décrire, voir les tofs…

Ce coin se répartit entre les plateaux rouges et marrons et des pierres gigantesques dignes des tableaux de Dali. Arthur, bon grimpeur, était enchanté de toutes ces pierres immenses, vous pourrez le voir en train de faire le clown sur l’une d’entre elles, une des rares photos que j’ai eu le droit de prendre de monsieur… Pas faute d’avoir été mitraillée en ce qui me concerne, bon, ça c’est fait…

Le soir, après quelques aventures de voiture du genre crevaisons multiples de l’autre voiture de l’agence qui nous accompagnait, nous arrivons dans la réserve de faune andine, qui se situe en moyenne à 4300 mètres. Quelques kilomètres plus loin apparaît le refuge où nous allions dormir, en face de la laguna Colorada. Pas d’eau courante, deux heures d’électricité dans la journée, chambres dortoirs de 6 lits d’une personne avec juste une couverture… Bien sûr, nous, on a dormi (essayer serait plus juste) dans le même. Nous étions épuisés. Pourtant nous n’avions pas marché des masses, mais le fait est qu’une journée de 4&4 entre chaleur suffocante et froid glacial à cause du vent, sans compter la route cahoteuse et la poussière, plus le lever à 5h et demi du mat… c’est crevant.

En plus de ça, nous arrivons au refuge, et là le guide nous plante en nous disant que si on veut voir la laguna colorada, il faut qu’on se bouge à pied. Un enfer. Une marche d’une bonne demi heure dans le sable avec un vent à vous foutre par terre tellement il était fort, le soleil aveuglant de cette altitude et un froid glacial, vous verrez les tofs, on partait au ski… Pourtant, le jeu en valait la chandelle. Sur le chemin, on croise une maman lama et son petit, adorables, et puis à l’arrivée… La laguna est entourée de volcans, mythique, rouge comme le sang. Les algues microscopiques, qui servent de nourriture aux flamants ultra nombreux, réagissent à la lumière. Des plages, rouges, d’autres blanches et vertes. Irréel, mirifique. Et un vent… hallucinant. Nous sommes rentrés contre lui, en croisant un troupeau de lamas, on luttait contre cette force de la nature si épuisante pour les muscles. On est arrivés morts…

Nous avons eu la chance de dormir là bas l’été. En hiver, la température nocturne avoisine les moins 30 degrés. Ca caille pourtant… On avait les deux sacs de couchage plus la couverture, et c’était pas de trop… En rentrant on a mangé un repas pas dégueu du tout, puis dodo… Enfin essai. J’avais un mal de bide impossible, du genre tenace et insupportable. Au bout de quelques heures à empêcher Arthur de dormir à force de me retourner je vais aux toilettes où je vous rappelle qu’il n’y avait pas d’eau courante, et donc juste une jarre pour assainir… vide. Rien qu’à l’odeur j’ai tout ressorti, et pour une fois j’avais bien mangé, je vous passe le détail mais c’était assez dégueu… Je reviens me coucher, en me disant que ça irait mieux, je bois un peu histoire de… et me relève une demi heure plus tard… Bref j’ai vomi toute la nuit, sans quasiment dormir et incapable de rien avaler même de l’eau… Sans douche le matin, ni possibilité de se laver les mains, c’était charmant… Mon amoureux a pas dormi beaucoup non plus du coup.

On s’est levé vers 4h et demi cette fois, décollage dans une nuit noire et glaciale, avec un mal de bide à me défoncer le ventre… J’étais pas glorieuse dans la voiture, où chaque embardée me donnait envie de gerber et où on était congelés. Arrivée aux geysers d’eau chaude à 4900 mètres et des poussières, je suis à peine sortie de la voiture pour passer ma main dans la colonne d’eau qui sortait de terre à 40 degrés. On s’est approchés des sources à plus de 200 degrés, j’ai même pas eu la force de sortir du 4&4. Puis direction Aguas Calientes où un bain d’eau chaude a été aménagé en plein air avec les sources. J’étais malade à crever, congelée avec le soleil qui se levait à peine, alors me mettre en maillot de bain… Finalement je suis sortie pour vomir une ultime fois le peu d’eau que j’avais pu boire, et puis ça a été de mieux en mieux. On a quand même été se tremper les pieds dans cette eau ultra chaude, hyper agréable.

Après un petit dej’ pour les autres, direction le laguna verde où on arrive après (encore) quelques heures de route. Nous n’avons pas beaucoup profité de son vert turquoise, presque fluo pour laquelle elle est célèbre puisqu’il n’y avait pas de vent… Elle est située à 4500 mètres, à l’extrême pointe de la Bolivie avant la frontière chilienne. Le célèbre volcan Licancabur se découpe sur l’horizon, c’est magnifique, même avec un mal d’estomac monstrueux J.

Puis direction la frontière, où nous avons quittés nos amis brésiliens qui continuaient leur périple vers le Chili. Nous sommes rentrés à Uyuni avec notre ami Suisse et son frère, une ultime après midi de 4&4 et de poussière, avant de choper le bus qu’on avait réservé pour Potosi avant de partir… On était tellement morts que malgré la route cahoteuse, on a pas vu les 7h de route, on a dormi comme des masses. Arrivée à Potosi vers 3h et demi du mat, quête d’un hôtel avec eau chaude en continu (le bordel pour trouver ça à Potosi…). Particularité de Potosi et de Sucre, les taxis prennent plusieurs groupes de passagers, et la course coute un prix exorbitant comparé à Cocha.

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