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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
20 juin 2008

Lunatique

C’est le seul mot que j’ai trouvé pour décrire mon état actuel… Une semaine est rarement passée aussi vite que celle là, ma vie sociale n’a jamais été aussi riche depuis que je suis arrivée, et pourtant je me suis parfois enterrée dans mon lit, toute pleine de peur et de souffrance…

Commençons par le commencement…  Il y a d’abord eu cette fameuse bouffe française, un gros défi, et ma seule implication réelle dans la vie de cette fac qui me déplait de plus en plus… Ce fut une réussite totale, on a enchainé 40 repas, avec 7 plats différents, à 5 dans la cuisine de 8h à 16h30 non stop… Jevous joins le menu : menu_français

Séverine et son cousin Flo présent à Cocha pour deux jours m’ont donné un sacré coup de main, et on a bien ri… Un vrai resto avec ses plats à envoyer, la déco des assiettes et les quantités oufissimes quand on a pas l’habitude de cuisiner pour autant de monde…

J’ai été surstressée du mardi midi au jeudi soir, avec mon perfectionnisme tellement peu compatible avec le fonctionnement bolivien … J’ai beaucoup crié, beaucoup couru, me suis fritée avec l’administration qui exigeait qu’on offre son repas au recteur qui gagne 10 000 $ par mois… J’ai été hyper exigeante avec ceux qui bossaient avec moi, je me suis psychologiquement épuisée pour ce truc, comme chaque fois que je suis à fond dans un projet…

Dans ce genre de contexte, mes défauts et mes qualités sont exacerbées, et je me confronte parfois à moi-même d’une façon très désagréable…

Puis il y a eu cette soirée franco française inoubliable… Une soirée de chansons hexagonales dans un bar, animée par un couple de marionnettistes vadrouillant en Argentine depuis un an et demi et que Flo avait comme de par hasard rencontré dans le bus qui l’emmenait à Cocha.

Leur spectacle mélangeait Piaf, les Ogres, Bruel, Brassens, La rue ket et Vian… Tout ce que j’aime… Nous avons fini chez Sev, avec de l’herbe, une guitare et des chansons scouts… Jusqu’à 4h du mat, nos voix ont fait trembler les murs… Sev et Flo partaient à 5h pour La Paz, c’était une belle conclusion de tant de rencontres en si peu de temps…

Et puis au-delà du bonheur de vivre tant de choses si différentes de mes activités de l’année, au-delà de ces rencontres fantastiques et des retrouvailles un peu avancées avec le monde français, il y a cette peur, cette angoisse qui me tiraille et qui tintent ces moments déments d’un quart d’heure de larmes qui montent et d’yeux qui se mouillent…

Je suis en train de conclure une année compliquée qui n’arrête pas de me surprendre, pour me confronter en rentrant à la France, à l’avenir… Et du coup je suis à fleur de peau en permanence, je me consume de trouille…

Les piques du franc parler de Flo me blessent au plus profond de moi, alors que je pensais avoir consolidé ma confiance en moi….

L’avenir m’enchante, mais l’inconnu me fait peur…

J’attends de retrouver la France depuis un an, mais je doute de ma capacité à me confronter à elle…

Je quitte la Bolivie sur les chapeaux de roue, sans laisser aucun bolivien qui m’arrachera des larmes à l’aéroport, mais en ayant pourtant rencontré des gens qui resteront gravés dans mon cœur à jamais…

Je quitte ce pays que j’ai parfois haï, lorsqu’il me donne mes plus grands moments de bonheur…

J’ai acquis, je crois, une lucidité sur la réalité bolivienne qui se résume à une dualité insupportable et extraordinaire…

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