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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
25 août 2010

Arrival training

Hum…Euh, ça va pas être la suite de mon dernier post, même si je vous promets de vous raconter la fin de l’histoire plus tard (non Franck, je paume pas mes accords lol ce sont bien des mariées et un vieux monsieur). En ce moment je pars de l’appart à 8h du mat et je reviens entre 23h et 2h du mat donc voyez je fais comme je peux... Juste, comme je le faisais souvent en Bolivie, je me sers de ces lignes comme d’un exutoire. Ça commence mal me direz vous. Vous n’auriez pas tord en vrai… Enfin comment dire… Ça y est, je suis arrivée. La Marie que vous connaissez tous, complètement en vrac, complètement involved, qui take care too much about people, qui flippe de pas être intégrée, qui a juste une phobie de l’exclusion et un sérieux problème avec ce que le gens pensent d’elle, ça y est, elle a atterri. Et j’ai plusieurs sérieux problèmes sur le feu.

Déjà je n’ai pas le temps. Honnêtement, j’ai même pas le temps de penser et croyez moi dans ce genre de contexte, quand ça fait dix jours que vous êtes en immersion totale dans un truc totalement nouveau, et que vous n’avez même pas le temps de penser ça fini par déborder. Hier soir c’était un peu difficile, aujourd’hui compliqué, et ce soir malgré ma super soirée, j’ai un gros truc coincé au fond du bide. Trop de trucs en même temps. Toute la semaine je suis mon « arrival training », c'est-à-dire la formation EVS (SVE en anglais) à l’arrivée. Le truc c’est qu’on est trente volontaires de tous les pays, plus mes petits compagnons du « gang » ACTOR dont je vous ai déjà parlé et que j’apprends juste à connaître. Et franchement pour moi c’est trop. Au début c’est dingue, on se sent citoyen du monde, on parle de milliers de choses et on change de langue trois fois par phrase, mais ensuite, on se rend compte que notre « gang » est pretty cool actually, et que certains des autres volontaires sont vraiment des gens… imbuvables. Du coup quand il faut passer toutes ses journées et toutes ses soirées avec eux pendant cinq jours, au bout d’un moment c’est dur. Le manque de sommeil n’aide pas, je l’admets.

Et puis il y a tout ce qu’on fait précisément comme activités. « Cultural training », je vous demande un peu… Un recensement de notre perception de notre pays (généralisation donc), de notre perception de celui des autres (préjugés) et celle de celui où l’on vit (généralisation + préjugés). Tous les ingrédients d’une bonne guerre mondiale. Non, excusez moi, ça peut paraître un peu excessif, mais comment dire… Ces discussions et ces « théories » sur le mix des cultures et la façon de rencontrer les autres peuvent vraiment provoquer chez moi des émotions très violentes et souvent négatives. Juger les autres ou ne pas le faire. Comment l’éviter. Comment se rendre compte de la différence entre la culture et la personnalité. Quelles sont nos limites dans l’acceptation de l’autre et de ses habitudes qui nous heurtent. (Exemple simple : marcher dans la rue avec Elvina me rend dingue, elle est collée à moi, j’ai pas d’espace pour marcher, Anete ressent exactement la même chose). Comment ne pas se sentir inférieur ou supérieur. Un bordel je vous dis… Et moi au milieu de tout ça, vous me connaissez, un sourire d’Anete, une blague à la con de Silly boy, une nouvelle rencontre de fou ou juste un clin d’œil de la monitrice en mode « je sais que tu te prends la tête mais tu m’es sympathique parce que tu réfléchis à ce que tu fous, et c’est cool » me fait l’effet d’un énorme joint de la meilleure beuh sur terre. Mais quand je sens que quoiqu’il arrive, j’aurais l’impression d’avoir raison parce que j’ai raison, et que les autres ont tort, je tombe. Je tombe dans moi-même, je me sens fidèle à tous les stéréotypes éculés sur les french people qui veulent que les français refusent de parler anglais, que les français se sentent les meilleurs in the world, que les français sont égocentriques, pensent qu’ils ont la science infuse et que quoiqu’il arrive ils ont toujours raison et que les autres ont tord, point barre. Just like me. Et quand on y pense la culture n’a rien à voir la dedans, les relations entre les gens c’est exactement ça. Jusqu’où accepter l’autre comme il est quand il envahit ma sphère ou qu’il me choque ?

Je me sais noire ou blanche, droite ou gauche, nord ou sud, on ou off. Je sais. Je suis carrée, intransigeante et entière. Ça peut faire partie de mon charme. Ça peut aussi foutre un sacré bordel. Et bien sûr que je tente d’apprendre à être plus mesurée dans mes opinions, à écouter pour de vrai celles qui sont différentes des miennes, mais finalement je fonctionne exactement comme les nations en construction. Le groupe se construit une identité propre parce qu’il lutte contre l’étranger. Seul un peuple comme les tibétains, ou les gens qui leur ressemblent, ont une façon de penser à la base qui est réellement différente de celle là. C’est un peu raide comme façon de le dire, mais cette semaine est réellement dingue en termes de renforcement de notre groupe de volontaires. Et je fonctionne pareil dans le grand groupe. Mon esprit classe les gens dans deux catégories, ceux avec qui ya une étincelle, et les autres. Et je peux pas m’empêcher d’avoir envie que la deuxième catégorie ne soit juste pas là. Et de fait, au bout du deuxième soir, les soirées se sont séparées. Ce soir, nous étions la team d’Actor presqu’au complet, plus deux espagnols trop cools, un français vraiment sympa qui joue de l’accordéon, et un bulgare, un peu plus rude comme disent les anglais, mais vraiment bien comparé au second bulgare du groupe (taré le mec), calés dans le plus beau parc de Bucarest, au bord de l’eau à boire des bières en chantant des chansons chacun dans notre langue. Vous n’imaginez pas l’effet que ça fait d’être avec des gens de sept nationalités différentes, chantant des chansons dans l’air du soir, en face d’un soleil couchant de ouf, dans des langues jolies et bizarres, ou connues et partagées comme l’espagnol. Honnêtement c’est dingue comme truc.

Mais voilà, nous étions nous, la dream team from here, ceux qui connaissent la ville, qui se kiffent entre eux, qui participent à mort pendant la journée, tapent des barres, mangent dehors et par terre au lieu de dedans sur les bureaux, fument des clopes, dessinent pendant les cours de géographie au lieu de répondre aux questions. Ceux qui dorment pas la nuit, qui décident d’aller boire un coup au lieu de se taper le jeu de pistes, préfèrent offrir une bière à un mec dans un bar pour connaître les habitudes locales plutôt que d’arrêter les gens dans le métro. Ceux qui posent un post-it « Weeds very expensive » sur le tableau de « What do you know about Romania » entre les chiens, les gipsies, Dacia, le lei (la monnaie) et Dracula. Et je peux pas m’empêcher de me sentir mieux quand nous sommes ensemble, les plus « cools », sans les jeunes à trimballer ou les timides à décoincer. Oue je suis horrible, c’est bien ça qui me préoccupe. Je suis tellement jamais seule depuis mon arrivée que j’en deviens malade, je supporte plus ceux avec qui le courant passe moins. Et en fait, je me rends compte que même dans ma vie normale je suis souvent comme ça. Etre deux avec Anete pour se soutenir mutuellement quand Elvina nous fait péter les plombs me parait normal. Se sentir bien en étant contre les autres. Et quand j’en arrive là, je me sens juste tellement nulle… Parce que de fait, c’est ce qu’il se passe dans ma tête. J’exclus les gens qui m’intéressent pas, juste parce que je marche exclusivement au feeling, à l’instinct. Les exceptions qui confirment la règle ce sont les gens que je vois sur de très longues périodes et que j’apprends à connaître même si je n’aurais pas été vers eux au premier abord. Ewa, ma coturne, est un bon exemple. Elle fait d’ailleurs précisément partie de l’autre groupe pour les soirées notamment. Les personnes qu’elle a rencontrées pendant ce training sont exactement celles que je n’ai pas spécialement eu envie d’approcher. Et finalement, je suis tellement subjuguée par les rencontres profondes que ça ne m’intéresse absolument pas de parler du temps, de mes études ou même de la gueule de l’appart d’une nana juste pour m’intéresser à elle. J’ai pas envie, et quand en plus je suis fatiguée, usée par autant de gens, d’activités, de manque de sommeil, de dos en vrac, j’ai même envie qu’ils disparaissent. Je deviens rude même avec Anete et je traduis déjà tellement ses expressions que je me rends compte à quel point je prends cher, et à quel point je le renvoie aux autres, à force de pas avoir un seul moment à me consacrer à moi-même. Mais Anete est une princesse, elle comprend tout, et quand je viens m’asseoir sur son lit, au bord des larmes, elle sait déjà et c’est juste tellement cool…

Ensuite il y a l’anglais. Honnêtement j’aurais jamais cru pouvoir me démerder aussi bien. Mais le problème c’est qu’il me manque tellement de mots… Et quand vous êtes sensible comme moi, et que vous avez autour de vous des gens qui se rendent bien compte que normalement vous n’agissez pas de cette façon, et qu’a priori il y a un truc qui tourne pas rond, vous avez réellement envie de leur expliquer…. Et franchement c’est atroce cette frustration de juste pas réussir à dire ce qu’on a au fond du cerveau. En rentrant de soirée, nous avons entamé un vaste sujet avec Silly boy. Le talent peut-il s’acquérir par le travail ? On n’avait même pas bu, c’est pour dire… Et de fil en aiguille nous sommes arrivés à nos arts respectifs, l’écriture pour moi, le dessin pour lui, l’importance qu’on accorde à ce que les gens qu’on aime ou les gens en général pensent de ce que nous faisons, le fait d’avoir besoin de l’art ou d’en avoir envie, bref, des trucs vraiment profonds, qui touchent à ce qu’on est vraiment, et comme on apprend juste à se connaître, c’est vraiment important de bien se comprendre. Et j’étais juste frustrée. Frustrée de pas pouvoir lui expliquer les nuances, frustrée de juste pas pouvoir m’exprimer, frustrée qu’il ait l’impression que je le comprends pas, que je le connais pas finalement, que je le capte pas spécialement mieux que les autres.

Voilà. Il est une heure et quart, et il faut absolument que je me couche pour sauver un peu de sommeil histoire d’affronter demain. Franchement ça roule, ça va juste très très vite. J’espère que d’écrire permettra à mon cerveau de pas trop tourner en rond ce soir. J’essaye de penser à mon chat et à comment ça fait de le sentir sur ma couette quand j’ai un million de trucs à penser que je DOIS juste dormir. Désolée pour le style en vrac et les fautes probables, je relirai plus tard. Des bises.

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