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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
7 septembre 2010

Gang

Voici venu le temps des rires et des chants… Voici venu le temps, après trois semaines ici, de vous faire une petite mise à jour sur mes petits camarades, maintenant que je me situe un peu mieux dans ce bordel de gens. Je vous joins un photo de la dream team, surnommée le « gang » pendant la semaine d’ « arrival training » (une formation d’une semaine où tous les volontaires de Roumaine arrivés depuis peu apprennent le Bé-a-BA du pays, de la même façon que j’ai eu un « déparature training » dans le sud de la France juste avant de partir. Clin d’œil spécial à mes petits camarades de Sommières :)).

Bon, en fait je vous la mettrais plus tard, c'est pas la mienne, je voulais la récupérer sur facebook mais la qualité est merdique.

Cette semaine de formation nous a appris énormément sur notre groupe. Pour résumer, nous sommes sept, deux garçons et cinq filles, et il faut rajouter quatre autres volontaires, les vieux, ceux qui nous briefent et nous expliquent la vie ici. Ils sont là jusqu’entre fin octobre et fin décembre, et on en a déjà perdu une en route depuis mon arrivée. Voilà une tof de la team au complet, sachant que je ne suis représentée que par deux doigts de la main sur la droite (si, si, regardez bien). Je vous remets pas les tofs, normalement vous savez de qui je parle, donc je commence par les filles.

Pareil

Anete, Princess pour les intimes. Big mess, (bordel pour les frenchies). Yep. Vous savez ce genre de personnes qui sont à la fois exactement comme vous, et complètement à l’opposé. Avec qui vous pouvez être en osmose et la seconde d’après en big fight. Anete c’est un peu ça. Après avoir été en phase avec elle pendant une semaine, on s’est énormément éloignées pendant la semaine de training, et depuis, c’est la guerre froide maîtrisée. Personne n’est dupe, tout le monde s’en fiche je crois. C’est notre bordel. Un espèce de truc où dans la vie réelle (même si je sais pas très bien comment définir une vie irréelle lol), je serai comme elle, préoccupée par la propreté, l’ordre des assiettes, les chiens, l’organisation, les devoirs, l’heure, les prises de tête, le management du groupe etc. Aujourd’hui je suis complètement en dehors de ça. J’ai lâché mon obsession de l’organisation au bout de trois jours, et me simplifie la vie en profitant de ce qui se présente. Pas le temps de trop réfléchir, pas vraiment le temps de se prendre la tête, et en fait pas d’énergie à perdre là dedans finalement.. Au début j’ai eu beaucoup de mal. Ce détachement, je ne l’ai appris qu’au contact des autres, ceux qui ont bien capté que ça servait à rien de se faire chier. Elle a réussi à me later la gueule violemment dans une lutte débile pour le leadership de « qui est le plus sérieux » lors de notre première séance de travail tous ensemble.

Je vous raconte. On devait créer un logo pour notre projet. Pour que vous situiez un peu tout le monde : Silly boy était assez sérieux, involved, défendait son idée de façon argumentée, et a priori je l’ai agressé sans être constructive (c’était pas mon objectif mais le résultat c’était ça, du coup j’ai ravalé mon bordel et tenté de faire mieux la fois d’après). Elvina, fidèle à elle-même, défendait une idée assez originale, en gueulant et rigolant et en présentant son truc comme étant le meilleur, sans trop argumenter. Comprendre dans le langage Crazy Girl, « j’en ai un peu rien à foutre, mais bon mon idée est cool, allez soyez d’accord avec moi, mais si vous l’êtes pas ça fait rien, je me marre ». Je la captais et j’étais d’accord, et je me marrais. Sourcils froncés d’Anete qui soutenait Silly boy « Vous (moi et elle) n’écoutez rien, aucun respect, comportement puéril et non constructif ». Silly boy l’a mise en veilleuse parce que j’y étais allée un peu fort a priori, et qu’il est du genre à pas vouloir perdre de l’énergie deux fois de suite. Ewa était sur-silencieuse comme d’habitude, Alvaro suivait le truc sans participer, et Oliva n’avait pas du tout envie d’entrer dans la mêlée et travaillait de son côté. Après ce début chaotique, Elvina, Anete, Silly boy et moi étions fâchés, mais la guerre des tranchées se résumait en fait à Anete contre moi. Finalement Oliva a dessiné un logo parfait. J’étais en vrac, je suis donc allée me réfugier dehors avec mes cigarettes avec Crazy girl comme oreiller, et Anete débarque et histoires de filles blablabla, je vous détaille pas aucun intérêt.

MAIS. Ca m’a grave servi de leçon. En fait, tout le monde avait compris avant moi que ça sert à rien de tenter de se battre avec Anete, c’est une perte de temps et d’énergie. Elle veut que les trucs soient comme elle pense que c’est bien, sinon elle est frustrée, et comme j’ai des relents de ce genre de comportement, je la comprends totalement, et je sais maintenant que ça sert à rien de tenter de la convaincre. Du coup maintenant je la ferme, je frise de l’œil avec Silly boy et Elvina, je donne mon avis quand on me le demande, et je vérifie que les silencieux Alvatro, Oliva et Ewa ne sont pas trop frustrés du résultat, et au fond ça me va très bien. C’est vachement plus reposant et gratifiant que de se battre pour ce qu’on pense être le mieux, dans la mesure où on est sept et qu’on se bat pour des logos, présentations, jeux ou formations à la con. Moralité, dans les situations du genre qui ont suivi, j’ai mis la priorité sur l’observation des réactions de chacun plutôt que sur l’idée d’être complètement involved dans l’action du moment. Et c’était vachement cool. Bon la guerre froide est bien là. Et l’atmosphère se tend quand on est dans la même pièce. Mais finalement ça ne me touche plus, jusqu’au jour où ça va de nouveau péter, mais je travaille pour éviter ça. Elvina m’a involontairement enseigné là-dessus des chemins insoupçonnés. Faut aussi dire que je reste la seule à la comprendre sur sa relation impossible avec son mec, qui reste le truc qui la bouleverse beaucoup. En gros on est pareilles, sauf qu’elle en est au stade où ça partait en vrille avec Arthur. Du coup j’ai capté certains trucs depuis, et donc c’est vachement plus facile de se foutre sur la gueule avec quelqu’un qu’est pareil que vous mais différent (J’me comprends, j’me comprends…). Bref, ya au moins un truc où j’avais juste au début, c’est qu’elle est mal dans ses pompes et qu’elle risque d’en chier, ce qui m’inquiète un peu. Mais d’un autre côté, maintenant les autres l’apprécient comme elle est (même si ça reste pas complètement naturel pour moi de gérer la guerre froide, les guerres de filles j’ai toujours été très mauvaise), personne va sur son terrain, et peut être que du coup elle finira par se rendre compte de certaines choses. Bref.

Crazy girl donc. Ah là là là là. Si mal jugée d’emblée. Enfin en fait, totalement bien jugée, sauf sur ma dernière phrase. Celle qui est le plus susceptible de me faire péter un câble. Faux, totalement faux. Elle me sauvera des autres et de moi-même cette fille. Faut juste passer par-dessus la première impression mammouth, et on découvre une fille tarée, folle vraiment, mais qui kiff la vie d’une force… Qui rit, d’un rire gargantuesque, énorme, sonore, profond, tellement fort et parfois tellement long que les gens se retournent dans la rue sur sa touffe rousse et ses mimiques de garçon manqué qui mélange dans ses fringues le violet-orange-rouge-jaune. Qui pleure quand sa mère lui raconte des trucs de chez elle, comme une petite fille qui vient de quitter sa maison, mais qui rigole franchement quand je lui fais un gros câlin en lui sortant la dernière blague à la mode dans le « gang ». Un fille franche en fait, brute de décoffrage, dans tous les sens du terme, mais tellement vraie. Et qui comprend. Je veux dire au début, je sentais vraiment chez elle un sans gène inconscient, une insouciance égoïste, un truc oppressant de la nana qui prend toute la place et qui s’en fout, mais pas du tout. Quand on lui explique (en l’engueulant quand elle me saute dessus violemment par exemple), elle comprend direct. Et je crois qu’elle apprécie cette franchise du « j’aime ça, j’aime pas ça », cette clarté de la relation, même violente. Je n’ai eu besoin de lui hurler dessus que deux fois depuis que je suis là, et elle m’a hurlé dessus une fois. Juste pour dire : « ça c’est mon territoire, tu fais pas ça ». Et cinq minutes après, gros câlins. Elle s’en fout de la violence, elle est violente. Elle frappe Silly boy mais d’une force… Nous formons tous les trois un trio improbable mais tellement tripant. Il a l’habitude de dire que nous sommes comme ses sœurs, mais qu’à force d’être avec nous, il oublie que certaines fille sont normales, c’est à dire pas violentes (Crazy girl) et pas tellement compliquées (moi, lol).

Silly boy, le troisième larron. Un poème à lui tout seul. Un peu fou aussi, mais moins que ce que je pensais. A une conscience « sociétalo-politico-économique » bien ancrée profondément, qu’il ne sort qu’en de rares occasions, quand y a de l’intérêt et du répondant en face. Une conscience de l’humain assez bluffante, dans un autre registre qu’Elvina. Elle marche l’instinct, elle sent les choses (elle est la personne qu’on tue en premier au jeu du loup-garou genre, elle sait toujours qui c’est), alors qu’il a appris à regarder les autres, et que du coup il sent ET comprend. Un artiste de la rue, graphe, rap et compagnie, romantique bien caché derrière sa trashitude. Machine à câlins aussi, entre Elvina et moi, il passe son temps dans les bras d’une fille, vu que le hug est le mode de bonjour/au revoir/ça va ? adopté tacitement dans le gang. On l’a poussé un peu au paroxysme tous les trois. Nous le qualifions avec Elvina de girly-boy (le mec assez fille pour comprendre les filles), et il nous surnomme les boyly-girls (les filles qui boivent, jurent, rotent, j’en passe et des meilleures). D’où le trio. Elvina et Silly boy enchainent les délires délirants, à celui qui sortira la meilleure blague, et le trip le plus original qui pourra nous tenir la semaine. Je suis pas bonne à ce jeu là, mais je participe avec mes petits moyens, je me vexe de moins en moins, et je les suis de plus en plus. Parfois je kiff juste les voir se marrer tous les deux pour une grosse connerie, même sans la partager. Les délires du moment sont entre autres : encu* les sacrosaints stéréotypes sur nos pays respectifs, en qualifiant le comportement déplaisant de l’un d’entre nous comme issu de sa culture naturelle. Exemple pour Silly boy qui est allemand « l’écoute pas, il est allemand, ils ont perdu la guerre c’est des nuls ». Exemple (pour moi), « elle est susceptible, normal, elle est française, t’occupes ». Puis comme c’était épuisé assez vite, nos nationalités respectives ont changé, ce qui permet de faire chier deux personnes à la fois. Exemple : (pour moi) : « elle est susceptible, laisse tomber, elle est lituanienne », ce à quoi je me marre, et Elvina répond posément « Fuck you ». Vous imaginez le truc avec toutes les nationalités combinées et les différents humours, ça donne des situations absolument énormes. Je commence à me poser doucement, à prendre mes repère dans ce bordel de gens, de rencontres, d’activités et de voyages. Ces deux là sont mes deux compères, je sais pas si ça changera par la suite, mais je les aime. Ils m’apprennent tellement à prendre la vie du côté du rire…

Ensuite il ya Ewa. La muette. Je suis ravie de l’avoir dans ma chambre, vraiment c’est puissant. Je tente de pas l’envahir, étant donné qu’elle respecte parfaitement mon espace, je tente de pas déborder sur le sien. Elle ne dit jamais rien, et elle n’est proche de personne dans le groupe, en dehors d’Alvaro qui a le même âge qu’elle. Je pense que c’est quelqu’un de profondément intelligent, et d’intéressant quand on prend le temps. Qui nous regarde, nous les jeunes, boire, fumer et délirer, de loin, mais pas de haut, en souriant comme un adulte sourit en regardant les gamins faire des conneries. Elle est dans on monde, mais le soir on se parle souvent au moment du coucher, et du coup je parle probablement plus avec elle que les autres. Anete s’en rapproche en ce moment. Le côté sérieux.

Alvaro est encore dans une autre galaxie. Il vit avec Silly boy, et j’adore aller chez eux, juste pour être tranquille, loin du bourdonnement d’abeilles de mon appart où c’est impossible d’être toute seule cinq minutes, même avec quatre pièces différentes. Chez eux ya deux pièces, mais c’est chacun son espace. Silly boy fait la bouffe, je fais leur vaisselle (c’est le deal, poussez pas des hauts cris les féministes, je déteste faire la bouffe mais j’adore cleaner les cuisines des autres), et Alvaro regarde ses séries. Et puis quand il a des « dates », il est énorme. Il raconte l’histoire à tout le monde, donc si t’es arrivé en premier t’as le récit en deux langues trois ou quatre fois de suite. Il est tellement marrant avec ses mimiques et son accent de Séville à couper au couteau. Même quand il parle anglais j’ai l’impression qu’il parle en espagnol. Un gros nounours, qui apprécie pas trop d’ailleurs nos boyly délires avec Elvina. Une femme doit se tenir nom de Dieu. Lol. Adore la bière et les gossip. Adorable.

Oliva… Petite fée dreadeuse avec son argot espagnol incompréhensible, qui a le chat d’Alice au pays des merveilles tatoué sur l’épaule (ouais !), qui est sensible et toute mimi, mais qui le cache bien derrière son style qui prend au premier abord toute la place. Cool, sympa, toujours partante pour faire la fête. On a un très bon feeling toutes les deux, l’espagnol aide bien à être proche, et on se comprend sans être pareilles. Elle est la plus excentrée du groupe pour l’instant, Ewa mise à part, étant donné que c’est la seule à vivre avec les anciens. D’où ma connaissance d’elle un peu superficielle pour l’instant. Mais très très cool.

Les anciens donc : Félix (espagnol) et Michmich (Autrichienne), forment le couple de la bande. Michmich nous a quitté il y a deux jours, au cours d’une soirée assez dingue où tout le monde pleurait et riait en même temps. Les anciens prenaient un coup dans la gueule, les jeunes réalisaient qu’ils allaient vivre ça, confrontait le sentiment de débarquer à celui de quitter un monde. Un moment en suspension, où on se rappelle notre première soirée, nos premiers souvenirs ici, qui sonnent forcément pas pareils pour les uns et les autres. Un joyeux bordel d’émotions. Félix est le seul des anciens volontaires a garder la confiance des boss, donc en résumé à avoir droit à la parole. La raison est simple : c’est le seul qui a la patience suffisante pour ne pas les envoyer chier, et pour avoir été témoin d’une joute orale entre lui et la boss en chef (caractérielle) Eugénia, il est doué le mec. Et puis il est rayonnant, toujours de bonne humeur, prêt à rendre service, les gamins l’adorent.

Ensuite il ya Robert, l’allemand dont j’ai déjà parlé, qui est à cheval entre l’ancien projet et le nouveau. Un pince sans rire de malade, mais excellent. Un poil branleur, je m’en foutiste, mais une personnalité hyper interessante. Né à l’Est comme Silly boy, avec un bordel familial lié à l’histoire qu’il partage avec Maria, l’ukrainienne. Cette nana est dans la lune H24, mais elle rayonne complètement. Hypersensible, notamment au sort des gamins qu’on va voir, elle est partie pour grandir et elle adore le résultat, ce qui nous donne tous une immense confiance. Ses émotions sont communicatives. Puis il y a Mélanie, la française, avec qui je discute un peu de temps en temps, qui est marrante et sympa, mais a une aversion pour la France que je ne partage pas, ce qui nous met sur le même plan que si elle ne parlait pas ma langue.

Au-delà de tout ça, un truc m’a marquée dans le tas, c’est l’URSS, et les russes. Elvina (Lituanie), Anete (Lettonie), Maria (Ukraine), et les allemands dans une moindre mesure manifestent une aversion prononcée pour les russes. Sans compter le passé communiste de la Roumanie. En fait, je touche du doigt à travers eux, une histoire que je connais superficiellement, que mes parents ont vécue de loin, qui est toute proche de nous mais qui restait jusqu’à maintenant pour moi plus associée aux cours d’histoire qu’à la réalité de la vie. Histoire qui a traumatisé des générations de gens et dont ont hérité mes petits camarades d’Europe de l’Est. Entre les polonais qui moquent les ukrainiens en leur disant qu’ils sont russes, les pays slaves qui rejettent cette majorité devenue minorité qui refuse de s’intégrer, les familles décimées chez les uns, les migrations forcées ou non chez les autres, avant leur naissance où juste après… Et dans les blagues, les moqueries et les délires, la deuxième guerre mondiale tient une bonne place entre moi et les allemands, et même si c’est toujours bizarre de se parler des expériences de nos grands parents pendant ces périodes là, la discussion finit toujours par une grosse blague, mais pour l’URSS, c’est pas pareil. Je n’ai jamais vu Maria se fâcher, sauf le jour où Eugénia lui a demandé la traduction d’un mot russe. Tout à l’heure j’ai discuté avec Maria de l’histoire de l’Ukraine depuis le début du XXe siècle, et je me suis rendue compte que j’étais complètement à la rue. Hyper intéressant donc. Dingue aussi de discuter du peu que j’essaye de suivre, l’actualité, la révolution orange tout ça, fou d’avoir un point de vue direct, tellement enrichissant. Du bonheur quoi :)

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