Campesinos

En rentrant, nous sommes passés voir Shirley dans le bar où elle travaille. Très sympa. Puis, sur le chemin qui ramenait à la maison, Cathy me prend le bras en me disant : "Ah oui, Marie, tu ne sais pas encore toi...". Et elle me désigne du doigt un poteau où sont accrochés, fleurs, bougies et mots, avec au dessus, le portrait d'un jeune homme de notre âge. Date : Janvier de cette année. Les campesinos (paysans des alentours de Cocha) ont investi la ville pendant deux semaines pour déstituer le préfet qui avait été élu démocratiquement. Ce dernier a été assez nul et a donné par son comportement un second souffle à la protestation. Une manifestation pacifiste s'est mise en place dans la ville, à une cuadra de la maison, pour protester contre le déni de démocratie que représenterait la déstitution du préfet. Des groupes de jeunes d'extrême droite baptisés, je vous laisse halluciner, "jeunesses hitlériennes", avaient décidé de casser du campesino et se sont mêlés à la manif pacifiste. Bilan : Emeute généralisée, les campesinos ont battu à mort le jeune homme à la photo, qui visiblement faisait partie des "jeunesses hitlériennes", et ont décompté un mort dans leur camp également. Des centaines de blessés, et d'après Virginie, un môme pendu à un arbre à l'entrée de la ville. Barbarie à vomir. Comme dit Cathy, parfois, malgré les moments fabuleux qu'on passe ici, on se rend bien compte de l'implicit de l'expression "pays en développement" : pays pas achevé. Le bordel en question recommence jeudi... Shirley nous a dit de nous barricader dans l'immeuble. On verra, mais ce genre de truc... c'est pas cool. Es Bolivia fea.