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Qui veut gravir la montagne commence par le bas
16 novembre 2007

France

Voilà. Après une nuit de 14h et une bonne douche, ça va mieux, et les mots viennent plus facilement... Et puis vous raconter un peu de cette semaine me la fera un peu revivre. C'est tellement rien 6 jours... Tellement rien, et pourtant, on les attendu tellement longtemps... Mais voilà. Retrouver le France, ne serai ce qu'au moment ou la terre, ma terre, apparaît m'a émue aux larmes. Je pensais pas, je m'y attendais pas, mon idée de retour n'était occupée que par Arthur, mais la France... La France. Je sais que parmi vous tous qui me lisez, nombreux sont ceux qui savent. Retrouver son pays... C'est tellement fort, quand le quotidien qu'on vit n'est plus dans notre pays, que la langue qu'on parle tous les jours n'est plus la notre, que la normalité n'est plus la même que celle avec laquelle on a grandi, même si je n'ai pas grandi en France... Je comprends maintenant une réalité de la vie de mes parents que je ne saisissais pas aussi bien avant. Je me rends compte que malgré Sarko, malgré l'ignorance normale de tous ces français qui envisagent l'étranger comme une terre hostile, malgré la lassitude de ce pays qui m'a conduit a vouloir partir, ce pays est mon pays, ma terre, mon foyer, quoiqu'il arrive. J'ai eu l'occasion, par les rencontres que j'ai faites, par mes amis et expériences diverses, de beaucoup réfléchir à ce que signifie être immigré, émigré, exilé, déraciné... Et je me rends compte que si on peut comprendre, sans le vivre on ne peut pas savoir. C'est vraiment une chance de plus de pouvoir vivre, grandir et rester dans le pays ou l'on est né.

L'arrivée a été forte et compliquée, parce que se prendre Paris dans la gueule quand on arrive de deux mois de Cochabamba, c'est pas de la tarte... Le rythme français est déjà beaucoup plus rapide que le rythme Bolivien, mais Paris, c'est quand même encore une autre dimension. Et c'est difficile du coup, d'être à l'heure, de courir pour attraper un RER, de subir la paperasserie rigide française. C'est difficile de rentrer dans mon pays sans rentrer chez moi. C'est pas facile de parler de mon quotidien, de ma vie ici, de mon avenir, avec les parents d'Arthur sans le faire avec les miens. Ça n'a pas été simple, au début. J'étais perdue, fatiguée, troublée. Retrouver mon amoureux après deux mois de séparation signifie aussi le découvrir parfois pour la première fois. Et puis après, après cette impression de n'être pas chez moi, d'être complètement décalée, et pas au bon endroit, j'ai juste réalisé en me réveillant avec lui pour la première fois depuis si longtemps que mon chez moi, bien plus que d'être en France, en Ardèche, avec mes parents, mes amis ou mes soeurs, mon vrai chez moi, c'est simplement avec lui, peu importe où. Et là, la semaine de vacances a vraiment commencé. 

En vrac, il y a eu donc eu la découverte de son chez lui, de son école, de son quotidien (ça c'est vraiment génial), Versailles, chez ses parents ou je n'étais pas retournée depuis 4 ans, des concerts (plus ou moins bons, il faut reconnaître) dont un quand même à l'Olympia s'il vous plaît, où un des groupes a quand même interprété l'Emile de Brel avec un délicieux accent anglais, c'était assez mythique (vous connaissez mon amour pour la chanson française, et pour Brel en particulier). Il y a eu aussi les couleurs et l'odeur de l'automne, intraduisibles, mais tellement émouvantes, le froid, les saint félicien mangé à l'arrache dans la voiture avec une bonne baguette bien chaude, le temps passé à courir, à être tellement en retard tout le temps vu le nombre de choses à faire, le nombre de gens à voir... Tellement de choses dont on avait parlé, qu'on avait prévu, dont on s'enchantait un mois à l'avance... Et 6 jours qui s'égrainent inexorablement et dans lesquels je n'ai même pas pu caser une minute pour manger une tartine de nutella malgré l'envie que j'en ai eu pendant tout ce temps. Un repas avec Régis, Benoit et Sof (délicieux), une petite heure avec mes grands parents qui ont donc rencontré Arthur. C'était génial d'ailleurs puisque le père d'Arthur est un des plus vieux copains de maman, mon grand père en avait donc le souvenir, et c'était très drôle du coup. Au milieu de tout ça, une très belle journée loose (pour Papy, c'est une journée ou rien ne se passe comme prévu), des milliers de moments parfaits, un petit dej' au lit (merci Muriel), des tonnes de câlins, la rencontre de la Communauté, les amis d'Arthur, ce qui était très agréable vu le nombre d'années depuis lesquelles j'en entends parler, un long coup de fil avec la soeur, et une très très belle dernière soirée.

Et puis, bien sur, est arrivé le moment du départ, où la réalité nous est tombée dessus, sous la forme d'abord de cette sacré putain de réglementation française, j'ai du acheter un billet d'avion Bolivie Paraguay parce que je n'avais pas de preuve de mon retour en France en Juin, une heure de palabres à l'aéroport, avec les minutes qui s'écoulaient inexorablement. Et puis voilà, j'ai passé les barrières les unes après les autres, et puis je vous raconte pas parce que c'était beaucoup trop déchirant, j'ai juste pas pu dormir, pas pu penser... Je me suis plongée dans le dernier tome d'Harry Potter comme on s'accroche à une  bouée quand on coule, et j'ai enchainé le bouquin d'une traite, en essayant de ne plus penser à rien d'autre qu'à ce petit bonhomme à lunettes.

Ça va mieux, la routine qui revient est salvatrice, et je me rends compte maintenant que le traumatisme de la séparation s'atténue un peu, que cette semaine a quand même largement rechargé toutes mes batteries, et que le vie est plus rose que quand je suis partie.

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Commentaires
F
...j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans !
Qui veut gravir la montagne commence par le bas
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